Premier entretien.
C'est pour bosser dans une mutuelle. J'ai cliqué un matin, alors que je sais que je ne suis pas faite pour être au téléphone toute la sainte journée. Il y a un "parcours de recrutement" me dit la dame au téléphone : tests, entretien. Chouette, ça va me replonger dans le bain.
Le matin, sur un ordinateur je réponds à des tests débiles et débilisants avec des questions d'orthographe qui me font honte tant elles sont simples. Ensuite, entretien de simulation d'entretien téléphonique commercial. Je dois vendre un stylo (you-pi). J'attends les résultats de tout ça dans une salle d'attente avec les autres postulants. Je me demande ce que je fous là. Mais tout de même, je veux rebosser, même en CDD. Mais si j'ai le poste ? Il me faudra une nounou de toute urgence.
La super-DRH me reçoit pour me dire que j'ai cartonné à tous les tests et que j'ai eu 100 en orthographe. L'impression d'être en CP. Elle dit que c'est bien mais qu'elle doit réfléchir parce que bon, normalement on n'est pas trop censé cartonner à ces tests. Elle me pose tout de même un chapelet de questions-bateaux.
"Et si je croise votre soeur dans la rue, que peut-elle me dire de vous ?" J'ai envie de répondre "elle vous dira que je lui manque, qu'elle me manque et qu'il est tant qu'on se revoit pour s'enfiler des Balisto jaune devant Dirty Dancing". Mais je réponds connement, ce qui la satisfait.
Elle me rappellera deux jours plus tard pour me dire que je suis trop qualifiée. La prochaine fois, je ne mentionnerai pas mes diplômes.
Deuxième entretien.
Je reprends les transports en commun (le truc que je déteste le plus au monde, avec l'andouillette) pour la première fois depuis très longtemps. Rien n'a changé, les gens sont toujours aussi pressés, aussi nombreux.
Les abords de Saint-Lazare sont en travaux, c'est le bordel.
J'arrive dans la petite cour d'un immeuble haussmanien. Je prends un ascenseur minuscule et vieux, comme dans Le Père Noël est une ordure. Je suis claustro, j'étouffe.
La dame me reçoit. Je ne savais pas comment m'habiller et je découvre que je suis trop habillée. Les bureaux sont classes, moulures et belle hauteur sous plafond, mais tout le monde est en jean, à la cool.
Je me sens cloche dans ma robe et mes bottes.
La dame commence à discuter. Ca se passe bien, elle sourit. Elle me raconte le poste par le menu, ça a l'air vraiment top. Très vite je sais tout. Elle me fait remarquer que j'ai fait plein (trop ?) de trucs, dans plein de domaines. Je comprends que je suis schizophrène.
Nous nous séparons avec le sourire, elle va très vite me rappeler, qu'elle me dit. Mais si j'ai le poste ? Il me faudra une nounou de toute urgence.
En fait, c'est moi qui la rappellerai, puis la mailerai, histoire de savoir si. Trois bonne semaines plus tard, je recevrai un mail pour me dire que, bon, le poste est pourvu depuis 10 jours, plus la peine d'espérer, c'est bon, vous pouvez chercher autre chose. Ah ben, ma cocotte je ne t'avais pas attendu pour ça.
Sur les internets.
Toujours un peu la même chose, tous les jours, même le dimanche. De "neuf à onze" comme on disait au lycée. Clic, clic : CV, pièces jointes, etc.
Toujours les dizaines de réponses automatiques : "Si en 2017 vous n'avez pas de nouvelles de notre part, considérez que votre candidature n'a pas été retenue. Merci bien et bon courage pour la suite."
Parfois on fait clicclic sur des postes à l'opposé de ce que l'on est parce qu'il faut bien bosser et alors on nous dit que non, vous êtes trop bien vous comprenez. Mais à force de se voir recalée de partout, on finit justement par se sentir plus assez bien.
Troisième entretien.
La dame est une DRH sans le discours bateau des DRH (ouf), pas de question con genre "où vous voyez-vous dans dix ans ?" Elle est élégante. Elle a une bague Mauboussin au doigt, je la reconnais. J'adore Mauboussin moi.
Elle parle beaucoup, et moi pas assez, mais c'est normal, c'est comme ça qu'elle veut mener l'entretien.
Je réussis à en placer quelques-unes tout de même en essayant de ne pas trop fixer sa magnifique Mauboussin.
Ca a l'air chouette comme poste, très polyvalent. Ca sera loin, à la Villette, mais on s'arrangera. Mais si j'ai le poste ? Il me faudra une nounou de toute urgence.
Je quitte Miss Mauboussin, poignée de main franche, elle me dit "au revoir jeune fille".
Elle me rappelle. Mais en fait non. Je devrai la relancer pour prouver que je suis intéressée, ainsi me conseille mes proches. Je n'aurai aucune nouvelle.
Bon, c'est pas pour faire pleurer dans les chaumières hein. Cette semaine, j'ai eu un entretien fabuleux (à l'autre bout de la région parisienne) où je me suis sentie valorisée. J'ai réussi, je le sentais. J'y retourne pour un acte 2 vendredi matin, wait and see. Ah, et j'en ai un autre ce matin (plus près, donc j'espère qu'il sera aussi bien).
Voilà. A part ça, je suis terrorisé par les horaires, rentrer tard le soir etc. Je milite donc, à domicile, pour une plus grande égalité dans la répartition des tâches et pour des horaires DECENTS (Chéri si tu me lis...).